Certains
hommes écrivent l'Histoire avec leur sang.
Mais celle-ci est souvent ingrate avec eux. Georges
Pléville Le Pelley est un de ces grands
oubliés.
Né en 1726 à Granville, le Corsaire
est mousse à treize ans sur un terre-neuvier.
Il se révolte contre un capitaine injuste
et s'enfuit en Gaspésie. Echappant aux
Indiens, aux ours et aux loups, il met cinquante-cinq
jours à traverser le Québec.
Flibustier
à seize ans et lieutenant corsaire à
dix-huit, il perd la jambe droite au cours d'un
combat naval. Son pilon de bois est brisé
deux fois par des boulets anglais. Il capture
des dizaines de navires ennemis avant de commander
le port de Marseille sous Louis XV et sous Louis
XVI. Après avoir combattu en 1779 avec
les rebelles américains, il se rallie en
1789 à la Révolution.
Il
évite de peu la guillotine durant la Terreur
et est ministre de la marine sous le Directoire.
Il ne réussit pas à convaincre Bonaparte
de risquer un débarquement en Angleterre,
et lui tient tête en prédisant le
désastre d'Aboukir.
Devenu l'un des premiers sénateurs, il
meurt à Paris en 1805 et Napoléon
1er salue alors en lui un marin d'exception, incorruptible
et glorieux.
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